Sophie de Menthon pour Challenges : « Le gouvernement Castex, un casting de cinéma ? »

EDITO – Dans cette nouvelle production, les dieux ne sont pas loin d’être tombés sur la tête mais, on y croit : “action “…

Le changement de gouvernement est cinématographique et répond assez bien à la gourmandise populaire. La tête d’affiche et l’enthousiasme du public vont d’emblée au nominé Éric Dupond-Moretti (gonflé, le metteur en scène !). Soyons clairs cela nous enchante, nous n’avions pas confiance en la justice, entre le mur des cons, les pressions avouées et désavouées, les juges terrifiants, les écoutes répondant au joli nom de fadettes, etc. nous avons tous peur d’avoir affaire à la justice, non parce que nous serions coupables mais surtout si nous ne l’étions pas … parce qu’elle n’est pas juste. Et voilà qu’on nous fait un cadeau sur un plateau : on nous offre un Garde des Sceaux grande gueule qui est encore plus critique sur les magistrats que nous. Il laisse même tomber sa plainte contre des écoutes illicites d’avocats, c’est vrai que cela ferait désordre que le ministre de la Justice fasse un procès à la justice. Salut l’artiste ! Nous y croyons, il va faire bouger l’institution judiciaire, prisons comprises : non aux “évadés d’Alcatraz”. Un homme par ailleurs qui dénonce depuis toujours une société de l’hyper réglementation a le plein soutien des entrepreneurs…

L’autre star du casting, c’est Roselyne. Tout le monde l’appelle Roselyne, forcément, depuis son dernier poste de ministre c’est devenu une copine, une star de la télé… Elle n’a pas la grosse tête, sinon chez Ruquier. Vous me direz que ce n’est pas forcément une émission très culturelle, mais Roselyne, elle, est terriblement cultivée, imbattable sur tous les opéras, pas besoin de faire semblant pour incarner ce ministère. En plus elle a de la voix notre “Diva”, non seulement elle en donne pour dire ce qu’elle pense, mais en plus elle peut le faire en chantant. Nous comptons sur elle pour être aussi intransigeante avec les intermittents du spectacle, qu’elle a pu l’être lorsqu’elle a été auditionnée sur la gestion de la crise de la Covid-19 en flinguant les assistés de la République…

Nos deux stars finiront-elles leur mandat (voir saison 2) ? L’avantage c’est qu’il ne sera pas facile de les faire taire, mais attention aux “tontons flingueurs”.

Une jeune première : Amélie de Montchalin hérite des fonctionnaires, il y a plus sexy comme scénario mais une libérale à la Fonction publique, quel bonheur. La réforme de l’Etat est le nerf de la guerre puisque la seule vraie leçon que l’on puisse tirer de cette crise sanitaire et économique c’est la faillite de “Messieurs les ronds de cuir” issus du monstre technocratique qui nous plombe. Il va falloir crever l’écran pour y arriver.

Dans le rôle-titre de “l’Argent”, one man show de Bruno Le Maire, il va continuer de faire pleuvoir sur nous un déluge de feu … pardon, de millions, même si on ne sait pas très bien où s’arrête la fiction.

La Borne franchie, il n’y a plus de limites et Elizabeth reprend le futur ministère du chômage, pardon de l’Emploi. Une amoureuse des entreprises ? Et des syndicats ? C’est la question que l’on peut se poser. Une main de fer paraît-il, une technicienne exigeante, il ne faudra pas faire de la figuration. Quant à Alain Griset aux PME c’est plutôt grisant : enfin un représentant des petits patrons, de l’artisanat et des professions libérales, et puis, il a démarré en conduisant son propre taxi et il a eu un rôle dans la vraie vie.

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Par Sophie De Menthon

Image : © Fred Dugit CC-BY-SAGNU Free Documentation LicenseWikimedia Commons