Prime Macron : Jean Castex sème la confusion, les entreprises risquent de récolter la tempête

17/03/2021

Le Premier ministre a abordé le chantier de la sortie de crise avec les organisations patronales et syndicales lors d’une conférence sociale menée en visioconférence. Jean Castex a annoncé la prolongation des primes à l’apprentissage jusqu’à la fin de l’année. Le gouvernement réactive la « prime Macron » de 1.000 euros.

La confusion semée par la déclaration du Premier Ministre

Rappelons que la fameuse prime Macron est en fait une « prime PATRON », proposée au tout début de la révolte des gilets jaunes par le Mouvement ETHIC qui est favorable à toute défiscalisation des rémunérations des salariés ! Il s’agissait de faire comprendre que la fiscalisation des sommes versées était majoritairement responsable du sentiment de nombreux salariés, recouvrant une part de réalité, d’être mal payés. Outre le fait que le Président de la République s’est approprié ce que les chefs d’entreprises ont alors distribué, voilà que cette prime est devenue un outil politique entre les mains de Matignon et de Bercy.

On peut légitimement s’inquiéter des conséquences des propos du Premier Ministre après ladite « conférence sociale ». Après des tergiversations consistant à mettre des conditions à ce bonus, cette prime intervient à un très mauvais moment.  En effet, les 5 millions de salariés qui ont touché une prime l’année dernière, vont logiquement demander de toucher la même somme cette année. Or, les résultats 2020 sont très mauvais et parfois catastrophiques malgré les aides versées. Le gouvernement va dont engendrer un sérieux effet déceptif qui va compliquer la gestion de nos salariés. D’autant que le premier ministre annonce une prime allant de 1.000 euros à 2.000 euros, sans dire qu’il s’agit du maximum autorisé, et sans en préciser les conditions d’octroi. Certaines PME peuvent ne vouloir et ne pouvoir attribuer que 100 euros… Qui va comprendre que l’on peut dépasser 1000 euros si on a créé un intéressement pour les salariés ?  

Tout cela au moment où nous sommes surtout en train d’essayer de sauver nos boites et de retrouver de la profitabilité. Rappelons que la profitabilité n’est pas un gros mot, une entreprise a pour principal objectif de générer des profits surtout actuellement, alors qu’elles se demandent plutôt comment rembourses le PGE …

Par ailleurs les termes de l’annonce consistant à dire « le gouvernement encourage » signifie pour les salariés : « j’y ai droit, j’étais là pendant le confinement, j’ai travaillé … »

L’État se débarrasse à bon compte sur le dos des entreprises, de la récompense des dites « secondes lignes », souvent dans les secteurs qui ont souffert le plus. Une autorisation du gouvernement devient très rapidement une obligation, nous n’en sommes pas loin.

Par ailleurs, l’idolâtrie du télétravail qui serait un eldorado pour les entreprises, ajouté au discours absurde du « monde d’après » qui ne vient pas et à la crise qui menace de s’éterniser, fausse la relation au travail d’équipe et laisse croire que le télétravail est devenu, là encore, un droit pour la suite.

Des affirmations sans fondement, comme celle de l‘Institut Sapiens, par ailleurs d’habitude très sérieux, consistant à annoncer que le télétravail a fait bondir la productivité des salariés de 22 % (ceci émanant d’une étude de 2016 portant sur des volontaires en très petit échantillon) ajoute à la confusion générale.

Décidément, non seulement dans cette crise le gouvernement ne fait absolument pas confiance aux entreprises qui étaient en première ligne et qui ont des propositions et des solutions dédaignées, les ministères les ignorent. Les entreprises se regroupent pour trouver des solutions sur une plateforme « Entrepreneurs pour la République » …mais  L’État ne tire aucune leçon de son omniprésence et des blocages engendrés dans tous les domaines par ses administrations, et continue de plus belle à s’immiscer dans la gestion des entreprises. Une prime défiscalisée, oui, mais libéralisez-la en nous donnant  une visibilité de 2 ans  par exemple pour l’attribuer  lorsque nous pouvons,  lorsque nous le voulons et du montant que nous décidons … avec la limite supérieure autorisée.

Oui, merci pour les aides ! compensant le manque à gagner créé (pour de bonnes raisons) par l’État, mais STOP ! Laissez-nous vivre… L’enfer est pavé de bonnes intentions politiques .

Quant aux négociations avec les partenaires sociaux, elles seront plus efficaces si nous renonçons à faire ménage à trois.

Sophie de Menthon, présidente d’ETHIC

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